Les accusations, les dérives d'un système dans son ensemble et les cachoteries que dénonce récemment Usul  dans une interview accordée à Ragemag m'ont donné envie de vous partager mon expérience personnelle.

Je serai concis, mon expérience reste modeste et le site pour lequel j'ai écris est resté au stade "semi-professionnel".

 

 

Il y a  trois ans de cela, j'avais intégré l'équipe rédactionnelle d'un site portant sur le jeu vidéo. Ce dernier effectuait alors ces premiers pas dans ce monde et pourtant il ne manquait pas d'ambition : devenir un site professionnel.

J'ai été, dès mon arrivée dans le staff, intronisé au sein la partie « généraliste » du site. Ma première mission consistée à transmettre aux lecteurs, à travers des news, les derniers évènements survenus, les dernières citations pêchée le matin même et relayer les derniers communiqués des éditeurs. Pour ce faire, nous piochions nos informations sur différents sites américains pour la plupart, ceux-ci ayant bien souvent une longueur d'avance sur le reste du globe. Les éditeurs envoyaient leurs communiqués de presse au responsable de la rédaction qui effectuait une distribution entre les rédacteurs. Je suppose que ce système ne vous est pas étranger.

 

La rédaction des tests : entre honnêteté et riques

Un site qui souhaite devenir professionnel ne peut en aucun cas ignorer l'importance de la communication directe avec  les éditeurs. Pour se professionnaliser, gagner en pérennité, il doit créer des partenariats avec les principaux éditeurs. Ces partenariats recouvrent un avantage certain pour le site : celui de disposer des jeux gratuitement et rapidement. Au départ, les éditeurs ne vous accordent pas tout de suite un tel privilège. Les rédacteurs ont du, les premiers temps, s'efforcé de se procurer les jeux par leur spropres moyens.  Evidemment, il s'agit d'une solution coûteuse et, par extension, temporaire. On peut imaginer le site achèter lui-même les jeux avec l'argent  qu'il perçoit grâce à la publicité. Il n'en est rien car les premiers revenus sont destinés à rembourser le crédit engagé pour financer le développement du site. En d'autres termes, le site ne gagnait pas encore d'argent.

C'est pourquoi les rapports avec les éditeurs sont primordiaux. D'ailleurs, ces derniers visitent régulièrement votre site pour vérifier que vous êtes effectivement un partenaire sérieux et pas seulement une couverture pour leur gratter des jeux à  l'œil. Certains éditeurs sont plus frileux que d'autres. Ainsi, Nintendo hésitait toujours à passer un accord avec le site, deux ans après sont décollage.

Vous l'aurez compris, ces partenariats sont une condition essentielle dans l'évolution du site pour lequel j'écrivais. Cette logique, les éditeurs la connaissaient mieux que quiconque. C'est pourquoi ceux-ci nous faisaient comprendre d'au moindre faux pas, ils n'hériteraient pas à couper les ponts. Le site avait besoin d'eux pour suivre sa route. A l'inverse, les éditeurs pouvait allègrement se passer de nous.

Vous avez saisi la difficulté et les conséquences qu'une telle situation amène.  

Le faux pas dont j'ai parlé précédemment se caractérise globalement par deux actes : sanctionner par une mauvaise note - entre 0 et 8 environ - le jeu d'un éditeur (aussi mauvais soit-il) ou portait préjudice à son image à travers une new peu valorisante à son égard.

Si les rédacteurs avaient originellement à cœur de ne pas tromper leur lectorat, ils ont bien vite compris qu'il faudrait faire une entorse à ces principes pour éviter la fessée punitive des éditeurs. Un problème cornélien en somme.

Devant une situation contrariante comme celle-ci, certains rédacteurs ont pris la décision de quitter le navire. Ils ne souhaitaient pas rédiger leurs tests avec retenue, ou bridaient leur liberté d'expression. Une réaction pour le moins compréhensible. Si la direction comprenait notre mécontentement, elle nous demandait de se plier au bon vouloir des éditeurs, au moins, jusqu'à qu'elle puisse rembourser son crédit.

Pour ma part, je suis resté dans les rangs et j'ai écris mes tests avec prudence, chose qui me déplaisait (mais j'avais des raisons personnelles de persister).

Après quelques mois de partenariat et devant le sérieux de notre travail, certains éditeurs ont commencé à nous envoyer des invitations pour des soirées dans lesquels ils présentaient leur dernier né. Habitant bien loin de la capitale, je n'ai jamais mis les pieds dans une de leurs cérémonies. Toutefois, je me souviendrai de l'entrain des rédacteurs qui nous narraient leurs excitantes soirées (c'est ambigüe, n'est-ce pas ?). Enthousiastes, ils nous racontaient l'excellent accueil qu'ils avaient reçu et les présents avec lesquels ils étaient revenus (de quoi vous faire rêver). Devant leur engouement, on leur rappelait que lors de la rédaction du test, il faudrait ostraciser la cérémonie de leur pensée. Cependant, difficile de croire, malgré leur honnêteté irréprochable, qu'ils aient été pleinement objectif devant leur page.

J'ai mes avis sur les pratiques malsaines de certains éditeurs et de certains sites que je ne développerai pas ici. 

Malgré les bons moments humains, ce n'est certainement pas la plus belle expérience de ma vie.